A tous ceux qui pensent encore que les comic books, "c'est pour les enfants", tous ceux qui se croient trop sérieux pour jeter un oeil (autre que condescendant) à ce genre de "bêtises", tous ceux qui sont convaincus d'avoir passé l'âge depuis qu'ils sont entrés en CM2 : Mister Miracle est la preuve par l'exemple qu'il ne faut pas se fier aux apparences et qu'une oeuvre de bande dessinée peut être plus intelligente et plus forte qu'un drame Tchèque noir et blanc diffusé sur Arté en deuxième partie de soirée.
Aussi abouti dans ses dessins, sa mise en page expérimentale que dans ses textes en mécanique d'horlogerie, Mister Miracle déconstruit avec brio une nouvelle figure super-héroïque de l'univers DC en le confrontant à un adversaire plus terrible que tous les aliens, démons et autres créatures protéiformes qu'elle a affronté jusque-là : la dépression.
Sans complaisance ni misérabilisme, la BD explore la psyché d'un héros perdu, troublé, écartelé, prisonnier de lui-même : son passé, son destin, son héritage (allant jusqu'à frôler l'autobiographie fantasmée).
Qu'on soit fan de comics ou qu'on n'en ait jamais ouvert, qu'on lise de la BD ou qu'on ne jure que par les prix Goncourt : Mister Miracle s'impose comme une lecture exceptionnelle autant qu'indispensable, d'une créativité folle et d'une justesse de ton remarquable - qui en remontrerait aux plus justes et plus fous des mangas.
A une époque où l'imaginaire nippon est en berne et où l'on peine à y trouver encore matière à enthousiasme, jamais l'Amérique n'aura autant su éclater le carcan des genres et des étiquettes populaires. Moon Knight, Legion, Black Hammer et maintenant Mister Miracle...
On est toujours dans la BD de super-héros et pourtant, pourtant, on touche à bien plus que cela.
Littérature Graphique ?
Incontestablement.
Avec les Majuscules de rigueur.