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Si on présentait la chose comme une parodie de western policier, ce serait presque incontournable. Il y a tout pour, l'intrigue est à dormir debout, la caricature de l'espèce d'Hulk coupée avec...
le 23 mai 2022
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Pas évident de transposer Jack Reacher en série et de faire oublier Tom Cruise malgré les critiques de son auteur Lee Child (qui crâche, avouons-le, un peu dans la soupe -à l'instar de Lana Wachowski pour son dernier Matrix- vu que personne ne l'a forcé à accepter l'adaptation ciné et signer son gros chèque).
Car oui Jack Reacher (et un ton en-dessous sa suite honorable Never go back) était un sacré bon vigilante, thriller, actionner... de la 1ere à la dernière minute. La maestria de la mise en scène de Christopher McQuarrie annonçant l'un des meilleurs M : I (le grandiose Fallout) comme celle de l'interprétation de Rosamund Pike, Robert Duvall et Werner Herzog n'y étaient pas étrangers. Effectivement, dur de zapper quand notre œil tombe accidentellement sur la scène de défonçage de rotules devant le bar ou celle glaçante du sniper. Avec un Tom Cruise grand cru, quoiqu'on en dise.
2022. La relève est presque assurée avec Reacher.
SAISON 01 7,5/10
Même minimalisme du style, même intelligence du ton, du script et de la direction artistique, même efficacité des dialogues et des scènes d'action ou plutôt d'humiliation, même cadre pastoral et trame gentiment conspirationniste oscillant entre le rappel des valeurs conservatrices de l'Americana rassurante et celles progressistes post 2020 (un peu d'écologie et de dénonciation vs anti black).
Bref dès le 1er épisode qui commence sereinement mais sûrement : ça fonctionne. La mécanique de l'adaptation choisie est bien huilée, sèche et robuste comme l'anatomie de notre monstre de Frankenstein multi-médaillé qui doit autant mouiller le divan des ménagères que réveiller le cerveau reptilien des mâles en mal de virilité refoulée.
Un défi bien relevé par cet acteur flegmatique qui transcende rapidement son statut de colosse par un jeu ombrageux finement servi par une répartie aussi cinglante qu'observatrice. Un très bon point.
Alors oui la série est plus fidèle à la vingtaine de romans. Alan Ritchson est plus grand que Tom Cruise (c'est pas difficile) mais il ne mesure en réalité qu'un 1cm de plus que moi : 1m88 et non 1m95 ;) Ils ont juste casté des acteurs de taille (très) moyenne comme son side-kick féminin (bien joué par la teigne Willa Fitzgerald qui contraste des bimbos revêches habituelles) et le chef de la police en tweed (pour les bobos de Boston). Reste que la perspicacité de Reacher Ritchson rivalise toujours autant avec sa puissance, à l'image de la grosse baston en prison du pilote (réalisé par un frenchy).
On retrouve sinon avec plaisir Bruce McGill (Miami vice (l'un des meilleurs épisodes de la série Le retraité), MacGyver, Le dernier samaritain, Révélations,...) et d'autres seconds rôles connus comme le méchant conglomériste joué par Currie Graham (Desesperate housewives, Mentalist...).
Et cerise sur le gâteau à la pêche, les combats top montés récompensent souvent notre concentration (l'intrigue déroule assez vite, mine de rien), à l'instar des duels de la grande série *Justified dont Reacher partagent beaucoup de qualité et Banshee* mais en moins torturé et hardcore. A défaut d'avoir un "oui mais" (c'est à la mode en ce moment en politique intérieure), on pourrait regretter l'absence d'un vrai méchant et de son monstrueux sbire, alter ego négatif du héros. Tir corrigé dans la 2nde saison peut être ?
En tout cas avec cette 1ere salve de 8 épisodes, cette série vigilante multicartes (défendant enfant, chien, lap dancers...) tient la route en atteignant son objectif jubilatoire, ce qui n'est pas une mince affaire en ces temps consensuels si maigres en bastons cathartiques bien gaulées.
SAISON 02 5,5/10 Les scénaristes renforcent l'équipe de Reacher (4 au total) en axant la 2nde saison sur une tonalité nostalgique. Les plus fidèles soldats de son bataillon (encore vivants) sont de la partie mixant un cocktail à la fois plus collégial, sexy et festif. Si les scènes d'action ne manquent pas à l'appel des ex-policiers militaires, le pur lonesome vigilante cède la place à l'intime collectif (ciel, Reacher baise avec une brunette parfaitement formée aux investigations musclées comme sur l'oreiller, Reacher réalise qu'on peut apprendre des autres (encore plus si on maintient le lien), Reacher se rend compte qu'il a une famille adoptive, etc...). Conscient que la force première de la saga de Child réside dans l'esprit badass à l'americana préservée quelque soit l'enquête vengeresse, les nombreux scénaristes et producteurs (dont Paula sidekick Tom Cruise Wagner) équilibrent les scènes intimistes par un quota de bastons et gunfights certain... mais sans éclat (photographie et réalisation austères à la Avengers Civil War). Quitte à forcer le trait par des répliques trop démonstratives, des situations avec clins d’œil putassiers et une bande-son southern rock/pop trop attendue. Le wtf organique mais insolite retrouvé dans le 1er épisode (scène du tabassage du racketteur au distributeur CB) n'est pas vraiment confirmé par la suite, plombé par des effets archi-revus (ralenti sur l'équipe, explosions "inattendues", issue des bastons...) malgré quelques réveils (bikers, airbag, dealers braqués...). Rayon intrigue, ça déroule toujours sec avec le même quota de raccourcis et de résolutions (en moins tortueuses et dark que la 1ere saison) et le familier Robert Patrick fait le job tout du long mais le T-1000 avec du bide manque de subtilité dans la cruauté.
La personnalité attachante (alter ego du policier en civil) de Russo apporte beaucoup mais demeure trop vite sacrifiée. Idem pour Swann et le bad guy proche-oriental en costume au tranchage de gorge facile. Ce que cette saison gagne en convivialité, elle le perd en originalité (combien de séries présentent des teams de détectives extra-lucides gentiment rebelles ?). Reacher se faisant presque voler la vedette par sa meilleure tireuse d'élite Neagley sachant mieux préserver ses zones d'ombre (mais qui reprocherait à Reacher d'être mis à nu par la sexy Dixon ?), mais révélant néanmoins sa personnalité au fil des scènes intimistes. A croire que Reacher est condamné à taire ses émotions pour préserver le crédit de son mythe : une règle tacite effectivement vérifiée auprès des figures taiseuses voire monolithiques des plus emblématiques vigilantes comme Dirty Harry et Paul Kersey.
Résultat : une seconde saison en demi-teinte pour les 1ers et derniers épisodes (soit près d'1/3 des 8 épisodes). Et ce, malgré une volonté de renouveler la série par le passé militaire du colosse tendance Asperger évoluant finalement peu au contact de ses congénères militaires un poil moins sociopathes. Noble intention progressiste mais Darwin n'a rien à foutre dans les plans vengeurs d'un justicier conservateur par nature. Et c'est justement pour ça qu'on l'aime notre défonceur d'airbag sans papier préféré.
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Le 18 décembre 2023
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