"Béni soit Jéhovah mon rocher, qui prépare mes mains à la bataille et mes doigts à la guerre." Amen

  • Mes parents ne reposeront pas dans les tripes puantes d'un vautour ! " Béni soit Jéhovah mon rocher, qui prépare mes mains à la bataille et mes doigts à la guerre. " Amen. Je n'aurais pas de repos avant d'avoir vengé... mon père, ma mère et mon chien !
  • Je t'aiderai, Seth, mais il faut que tu saches une chose : l'assassin est aussi ton oncle : le défunt Blake, Ralton et moi sommes frères.
  • Ton frère ? Alors tu ne me laisseras jamais le tuer...
  • Tu te trompes, petit. Ralton a aussi une dette envers moi : il me doit un bras. Je t'apprendrai à te servir d'un revolver ou d'un sabre mieux que lui. Tu seras ma main droite !

Depuis quand le diable vend-il des crucifix ?

Bouncer, tome 1 : « Un Diamant pour l'Au-delà », des éditions Les Humanoïdes Associés, par le scénariste Alexandro Jodorowsky, est un western radical et tranchant faisant étalage du vice tapis dans le cœur des humains qui malgré les plus belles parures de moutons restent des loups affamés. Un far west brutal posant les bases d'une terrible histoire de vengeance en devenir à travers le jeune "Seth", qui va assister au pire : le meurtre barbare de sa famille. Une séquence de tortures abominable sous les yeux d'un enfant qui va voir son chien, son père et sa mère se faire violemment assassiner. Le sang traversant le plancher pour recouvrir le corps sanglotant du jeune adolescent dissimulé en dessous. Une terrible épreuve venant faire écho à la vie pieuse et innocente d'un enfant de prêtre ayant désobéi à son père en allant explorer le canyon interdit, où se trouve un antre minier conduisant à une vieille maison de pierre dans laquelle domicile un cadavre dans un cercueil ouvert avec deux colts cachés à l'intérieur. Des armes gravées au nom de son père : "Blake", ayant une emprise satanique pour celui qui les manipules. Étrangements froides, on dirait que c'est la mort elle-même qui les a fabriquée. Une boîte de Pandore qui va faire ressurgir les démons du passé qui vont s'abattre aussitôt sur la famille telle une plaie d'Égypte.


Une traumatique expérience qui propulsera Seth sur un chemin tortueux qui trouvera un début de repentance dans la sinistre ville de Barro-city, où se trouvent tous les rebuts de la pire engeance de l'humanité à cinquante miles alentour, comprenant un bar tous les vingt mètres, avec un fort taux de mortalité pour les shérifs dont l'espérance de vie est d'un mois maximum. Tous les jours il y a de nombreuses bagarres et des duels aux pistolets amenant son lot de blessés et de cadavres. Un paradis pour les salopards savamment illustrés par une ingénieuse décomposition de l'image, dans lequel Seth doit trouver le Bouncer de l' "Infierno saloon". Un agneau parmi les loups. Une terrible épreuve pour le cowboy en herbe innocent qui jusqu'alors avait eu le privilège de vivre en paix, et qui rapidement va sombrer dans la corruption du péché en se retrouvant confronté à des crapules : face à son premier adversaire : Myke l'indien. Un excellent chapitre dans lequel va s'enchaîner des duels percutants avec un Bouncer manchot qui détonne un max avec son pistolet à double canons. Une vraie gâchette ! La rencontre entre Seth et Bouncer, c'est la promesse d'une initiation au meurtre qui amènera son lot d'action et de cadavres.


Un Diamant pour l'Au-delà est une bande dessinée implacable qui donne le ton dès les premières pages avec une ouverture violente sur un déserteur confédéré condamner à affronter au sabre son capitaine qui refuse de déposer les armes malgré la fin de la guerre de Sécession. En découle une unité de chacals affamés avec à sa tête un loup enragé, qui va enchaîner les pires sévices en éradiquant une ville avec au passage des viols, pour fatalement prendre la direction du canyon où se trouve la demeure et l'église en construction de la famille de Seth. Le capitaine Ralton Van Dorman, avec son œil gauche crevé, est un excellent antagoniste dont on devine qu'il va longuement hanter les futurs volumes de cette saga, avec certainement un Seth inexpérimenté qui au côté du Bouncer va s'améliorer pour petit à petit se venger, éliminant un part un les monstres responsables du massacre de sa famille, avec pour cible finale : "Ralton" !


Si ça peut te consoler, fiston, il vaut parfois mieux perdre la tête plutôt qu'un bras. Les morts ne souffrent pas. Les manchots souffrent toute leur vie.


Une histoire qui n'est pas sans rappeler celle de « Nevada Smith » de Henry Hathaway par Steve McQueen. Une comparaison que je prends à bras ouverts ! Pour sa possibilité à livrer une gigantesque quête vengeresse brutale et immorale au milieu d'une atmosphère déjà nauséabonde, mortifère et sans filtre proposé avec ce premier tome, on peut se préparer à vivre une expérience difficile. Devant un homme si dangereux, sournois et cruel, Seth aura du fil à retordre. Surtout qu'avant cela, il y aura ses hommes à affronter, ainsi que son terrible bras droit : "dont on ignore le nom", qui est captivant avec son vocabulaire théâtral :

" Comment cela s'appelle-t-il, quand le jour se lève et que tout est saccagé, qu'on a tout perdu... que la ville brûle, que les innocents agonisent, mais que les coupables forniquent dans la lumière ?... Cela porte un très beau nom. Cela s'appelle... mmm... Poésie ! !..."

Où bien :

" Le son qui nous surpasse de toutes parts est l'espace qui mugit. "

Mais aussi :

"Faire taire ton âme et qu'en silence elle retourne au flux originel."

Avec cet album, Jodorowsky nous vend du lourd et j'espère qu'il offrira un résultat qui sera au niveau de l'attente exercée.


Le récit se décompose en deux arcs bien distincts, un centré sur le présent, l'autre sur le passé. Un gros flashback passionnant qui nous plonge dans le concret par le biais d'une histoire familiale féroce qui prend racine avec "Aunty Lola", la grand-mère de Seth. Une des prostituées les plus redoutables de l'Ouest dont la devise était : « Si tu ne vas pas à la pute, la pute viendra à toi ». À huit ans, elle fut violée par les Apaches qui au passage tuèrent ses parents, la laissant pour morte. Recueillie par un cabaret elle y sera exploitée en tant que prostituée. Pourquoi est-ce que le récit s'étale sur ce personnage ? Et bien à onze ans elle donna naissance à Blake : le père de Seth, à treize ans à Ralton : le diable dont s'est juré de se venger notre héros et qui n'est autre que son oncle, et enfin à quinze ans du fameux Bouncer manchot, celui qui s'est juré de former le jeune adolescent à devenir un tueur redoutable pour porter au bout sa vengeance. Un passif violent illustrant les trois fils et la reine mère qui devinrent un gang dangereux et qui au contact de l'"oeil de Caïn", un gros diamant, explosèrent. Un énorme caillou responsable de la destruction d'une fratrie dans laquelle un fils y perdra un oeil, l'autre un bras, le dernier sa tête et sa reine la vie. Un revirement de situation sur un roulement de tambour terrible qui vient piquer le lecteur captivé devant tant d'informations.


Les dessins de François Boucq me laissent dubitatif autour des environnements qui manquent clairement de finition et de précision. Un constat regrettable car les vignettes exposent des vastes décors sauvages sur des plans en profondeur idéals mais qui restent sous une forme grossière, de quoi décevoir. Constat quasi similaire autour des couleurs de Ben Dimagmaliw et Nicolas Fructus, avec une colorisation un peu fade, capable néanmoins d'offrir un contraste atmosphérique palpable par un simple filtre de couleur chaude, illustrant la tension d'une situation. Les traits réalistes des personnages accompagnent parfaitement le schéma narratif, amenant une contextualisation du fond à la forme qui à défaut d'être incroyable fait plaisir. Une tentative d'expression qui s'illustre jusqu'aux dialogues avec des chansons qui y prennent places pour mon plus grand plaisir :

- " Les faiseurs de veuves vont bientôt s'effondrer. Hourra ! Hourra ! On les mettra dans la tombe d'un sale nègre. Hourra ! Hourra ! "

- " Aujourd'hui l'espace est splendide, sans morts, sans éperon, sans bride, partons à cheval sur le vent vers un ciel féerique et divin. "

CONCLUSION :

Le scénariste Alexandro Jodorowsky fait une entrée fracassante dans la bande dessinée westernienne avec Bouncer, tome 1 : « Un Diamant pour l'Au-delà ». Un album très généreux qui s'affiche comme un potentiel incontournable du genre s'il parvient à confirmer les nombreuses promesses qu'il présente à travers un far west sans pitié, où les loups dévorent des agneaux détroussés de bergers pour les protéger, si ce n'est Seth et son Bouncer. Un titre qui commence fort autour d'une saga qui a beaucoup à offrir, en espérant qu'il y ait une amélioration au niveau de la technicité des dessins.


Bouncer, les prémisses... je l'espère, du meilleur à venir.

Mon analyse que vous pouvez retrouver sur ma chaîne YouTube spécialement dédiée aux westerns : https://www.youtube.com/watch?v=DdcT9JRfVcE

  • En temps de guerre, un déserteur mérite un châtiment exemplaire, capitaine !
  • Mais, bande d'abruti, la guerre est finie ! Atlanta a été prise ! Sheridan a détruit notre armée ! Quand allez-vous comprendre que le Sud s'est rendu ?...
  • Silence, vermine. Ceux qui ont perdu la volonté de se battre ne sont pas le Sud. Le Sud, c'est moi, c'est nous, nous ne nous rendrons jamais !
  • C'est de la folie ! La confédération n'existe plus ! Je suis un homme libre ! Je veux retourner chez moi, une femme et deux enfants m'attendent !...
  • La désertion mérite la peine de mort ! Mais je me refuse à croire qu'un de mes hommes est un lâche. Pour ne pas entacher l'honneur de notre armée, tu dois périr en combattant ! Tiens ! Détachez-lui les mains ! Qu'il se batte avec moi comme un vaillant petit soldat ! C'est ton jour de chance, vermine. Mieux vaut une mort digne qu'une liberté sans honneur ! En garde !
B_Jérémy
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Le 13 janvier 2024

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