- Des sauvages blancs ?
- Blancs, oui. Sauvages, je ne sais pas. Tarzan et sa famille. Il a grandi dans la jungle après la mort de ses parents. On dit qu'il comprend le langage des animaux.

Répétitions et déclin


Après avoir réalisé successivement les neuvième et dixième volets de la saga Tarzan, de leur titre respectif "Tarzan et les Amazones" et "Tarzan et la Femme léopard", le réalisateur Kurt Neumann poursuit sur sa lancée avec le onzième opus de la série, mettant en vedette Johnny Weissmuller dans le rôle principal, avec "Tarzan et la Chasseresse". Ce nouveau film s'appuie sur un scénario élaboré par Jerry Gruskin et Rowland Leigh, basé sur les personnages créés par Edgar Rice Burroughs. Il nous plonge une fois de plus dans une "aventure" aux côtés de la famille de la jungle. Dans l'ensemble, et de manière mesuré, j'ai apprécié le travail de Kurt Neumann sur les deux films précédents de la saga Tarzan. Il a su insuffler des péripéties divertissantes en élargissant la saga, que ce soit à travers l'"exploration" du monde des Amazones ou la confrontation avec une secte de tueurs léopards. Ces éléments ont enrichi la licence en apportant un message de fond, fait rare pour cet univers, qui a particulièrement retenu mon attention sur certains aspects.


Toutefois, le problème surgit avec "Tarzan et la Chasseresse", où Neumann semble sombrer dans la simplicité la plus banale des histoires de Tarzan, déjà maintes fois explorée. Malheureusement, cela rend le film terriblement prévisible et caricatural pour une franchise qui perd ainsi de sa singularité, devenant presque anecdotique. Pour dire, malgré sa courte durée de 1 h 12 min, le récit s'avère long et ennuyeux. Le scénario réitère le schéma classique avec Tarzan qui se retrouve une fois encore face à des étrangers occidentaux venus en Afrique, cette fois-ci pour capturer des animaux en vue de les exposer dans un zoo. Bien que la nature de la chasse diffère, le propos demeure le même. Le périple qui en découle présente des péripéties, mais celles-ci ne parviennent jamais à susciter l'enthousiasme, réutilisant des éléments vu encore et encore, exposant plutôt la lassitude d'un titre qui semble avoir épuisé ses idées à travers sa longévité. Du point de vue de la réalisation, on est confronté à un strict minimum, ce qui est assez regrettable. Le nouveau royaume est présenté de manière très limitée, exploré en seulement quelques petites minutes. La photographie d'Archie Stout est ordinaire, tout comme la composition musicale de Paul Sawtell.


Néanmoins, Neumann réussit à insérer un nouveau message de fond, cette fois-ci lié à la capture des animaux et à un quota imposé par le roi Farrod. Ce quota restreint chaque expédition à chasser uniquement un couple de chaque espèce, visant à garantir la protection des espèces et à freiner l'avidité de l'Occident cherchant à s'approprier les richesses de l'Afrique. Un message louable, malheureusement noyé dans un film qui peine à le mettre en valeur. Un autre message est dilué, toujours via le roi Farrod, à travers la redistribution de sa richesse auprès de ses sujets ayant eu une année de récolte difficile. Un bon roi. Toutes proportions gardées, ce film n'est pas catastrophique et pourrait plaire à ceux qui n'ont pas suivi les aventures antérieures de Tarzan avec Weissmuller, mais pour les fidèles de la saga, il apparaît fade et décevant via un constat amer, celui d'une saga qui semble avoir épuisé son potentiel narratif, laissant un sentiment de tristesse. Tarzan par Weissmuller aurait-il fait son temps ?


Restent les personnages, avec en tête un Johnny Weissmuller qui ne brille plus autant. Il demeure un Tarzan dans l'âme avec le charisme qui le caractérise, mais il se contente du minimum, jouant sur ce que l'on connaît déjà de lui, bien que certains éléments soient en moins. Brenda Joyce, dans le rôle de Jane, est presque invisible, n'apportant rien au récit principal. Johnny Sheffield, dans le rôle de Boy, a bien grandi, quittant l'enfance pour devenir un homme. Une évolution que Tarzan reconnaît malgré les bêtises de Boy. Les trois forment une famille une fois de plus convaincante que l'on apprécie suivre, comme en témoigne la séquence paisible en début de récit. Sur un radeau de bambous, le père, la mère et le fils s'amusent et se taquinent mutuellement, se poussant dans l'eau avec le sourire. Il s'agit de la meilleure scène du film. Un instant de paix que l'on retrouvera via une autre séquence bienvenue. En parlant de famille, n'oublions pas la fameuse Cheeta, qui semble avoir adopté trois autres chimpanzés et qui, une fois de plus, livre des pitreries. Lors d'une cabriole, on peut voir notre chère femelle présenter une fois de plus des attributs masculins, ce qui amuse et devrait être apprécié par une certaine partie de la clientèle actuelle. En revanche, les antagonistes sont totalement oubliables, même la belle Patricia Morison dans le rôle de Tanya Rawlins n'apporte rien de bien excitant, si ce n'est que même les femmes peuvent faire preuve de cruauté pour un enrichissement personnel.


CONCLUSION :


"Tarzan et la Chasseresse" marque une déception dans la continuité de la saga, malgré les efforts antérieurs de Kurt Neumann pour élargir l'univers de Tarzan. Le film, bien que n'étant pas catastrophique, souffre d'une simplicité narrative prévisible et caricaturale, déjà explorée à maintes reprises dans la franchise. Bien que le réalisateur parvienne à introduire un nouveau message de fond sur la protection des espèces, il se perd dans un récit qui peine à susciter l'enthousiasme. Les personnages, y compris Johnny Weissmuller en Tarzan, semblent en retrait et fade. La question de savoir si Tarzan, tel qu'incarné par Weissmuller, a fait son temps se pose, laissant un sentiment de tristesse.


Une saga qui s'essouffle, le déclin de Tarzan.


- Tarzan avait prévenu chasseurs !
- Qu'espérais-tu ?
- Tarzan régler ça.
B_Jérémy
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Le 17 janvier 2024

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