Métamorphose narcissique
J'aime beaucoup le cinéma de Todd Haynes, lorsqu'il s'attache à porter sa caméra au delà du mur des apparences pour disséquer un certain "American way of life", et traquer les malaises et...
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le 26 janv. 2024
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Une jeune et belle actrice prépare son prochain rôle en s'installant chez la reprise de Justice dont elle doit interpréter la vie, et sympathise avec son très jeune et beau mari... Clairement, vous avez déjà saisi ce qu'il va se passer dans ce May December qui ne tentera jamais de vous surprendre, et insiste tellement à son ouverture sur les indices narratifs qu'il est impossible de ne pas tout comprendre en deux minutes chrono. Pourquoi répéter continuellement que le personnage de Julianne Moore est âgé, que celui de Natalie Portman a le même âge que le mari, déjà que sa beauté ne fait pas grand suspens (on ne choisit pas d'embaucher Natalie Portman pour sa laideur...), et que le couple a des doutes sur leur durabilité... On sait pertinemment la suite amoureuse de ce premier constat trop évident, et on espère alors que Todd Haynes a prévu autre chose dans son scénario, que là n'est pas le principal atout de May December. Quelle déception. Car non, on espérait mal : Todd Haynes croit vraiment nous surprendre avec sa scène de
découche
, et ne propose rien d'autre. Un long moment de solitude, qui jure avec les beaux Carol et Dark Waters qu'a su signer Haynes (il a dû boire de l'eau croupie, avant d'écrire le scénario creux et interminable de celui-ci). On s'étonne aussi de la scène de
tournage où l'actrice exige de rejouer sa scène
, car ce passage n'apporte rien de plus et ressemble à du remplissage (on nous montre que le film se fait, mais on n'a jamais eu de doute sur la faisabilité du film, comme on oublie ce "détail" au profit du triangle amoureux lassant, et idem, cela voulait montrer qu'elle est directive, qu'elle prend sa vie en main ? On l'a bien vu avec son rôle dans ledit triangle amoureux... Bref, une pure scène de surlignage narratif inutile). Côté interprétation, Julianne Moore et Natalie Portman sont en mode automatique (on a le sentiment qu'elles s'ennuient, elles aussi), la musique est imperceptible, la mise en scène reste soignée (au moins ça), et le final a des airs de délivrance pour nous qui avons effectivement l'impression d'avoir passé huit mois dans cette salle.
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Le 31 mai 2023
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