May December
6.5
May December

Film de Todd Haynes (2023)

Une jeune et belle actrice prépare son prochain rôle en s'installant chez la reprise de Justice dont elle doit interpréter la vie, et sympathise avec son très jeune et beau mari... Clairement, vous avez déjà saisi ce qu'il va se passer dans ce May December qui ne tentera jamais de vous surprendre, et insiste tellement à son ouverture sur les indices narratifs qu'il est impossible de ne pas tout comprendre en deux minutes chrono. Pourquoi répéter continuellement que le personnage de Julianne Moore est âgé, que celui de Natalie Portman a le même âge que le mari, déjà que sa beauté ne fait pas grand suspens (on ne choisit pas d'embaucher Natalie Portman pour sa laideur...), et que le couple a des doutes sur leur durabilité... On sait pertinemment la suite amoureuse de ce premier constat trop évident, et on espère alors que Todd Haynes a prévu autre chose dans son scénario, que là n'est pas le principal atout de May December. Quelle déception. Car non, on espérait mal : Todd Haynes croit vraiment nous surprendre avec sa scène de

découche

, et ne propose rien d'autre. Un long moment de solitude, qui jure avec les beaux Carol et Dark Waters qu'a su signer Haynes (il a dû boire de l'eau croupie, avant d'écrire le scénario creux et interminable de celui-ci). On s'étonne aussi de la scène de

tournage où l'actrice exige de rejouer sa scène

, car ce passage n'apporte rien de plus et ressemble à du remplissage (on nous montre que le film se fait, mais on n'a jamais eu de doute sur la faisabilité du film, comme on oublie ce "détail" au profit du triangle amoureux lassant, et idem, cela voulait montrer qu'elle est directive, qu'elle prend sa vie en main ? On l'a bien vu avec son rôle dans ledit triangle amoureux... Bref, une pure scène de surlignage narratif inutile). Côté interprétation, Julianne Moore et Natalie Portman sont en mode automatique (on a le sentiment qu'elles s'ennuient, elles aussi), la musique est imperceptible, la mise en scène reste soignée (au moins ça), et le final a des airs de délivrance pour nous qui avons effectivement l'impression d'avoir passé huit mois dans cette salle.

Aude_L
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Festival de Cannes 2023

Le 31 mai 2023

Critique lue 2.5K fois

16 j'aime

Aude_L

Écrit par

Critique lue 2.5K fois

16

D'autres avis sur May December

May December
Yoshii
4

Métamorphose narcissique

J'aime beaucoup le cinéma de Todd Haynes, lorsqu'il s'attache à porter sa caméra au delà du mur des apparences pour disséquer un certain "American way of life", et traquer les malaises et...

le 26 janv. 2024

37 j'aime

6

May December
Plume231
7

Imitation of Life!

On ne peut pas donner tort au réalisateur Todd Haynes de reprendre le thème musical hantant et entêtant de l'excellent film de Joseph Losey, Le Messager (ayant remporté la récompense suprême à Cannes...

le 23 janv. 2024

22 j'aime

7

May December
Procol-Harum
8

De l’amour à la Haynes

Attiré indéniablement par le mélodrame, genre qu'il a côtoyé notamment avec Mildred Pierce (2011) et Carol (2015), Todd Haynes y retourne de nouveau avec May December mais non sans se départir d’une...

le 26 janv. 2024

21 j'aime

2

Du même critique

The French Dispatch
Aude_L
7

Un tapis rouge démentiel

Un Wes Anderson qui reste égal à l'inventivité folle, au casting hallucinatoire et à l'esthétique (comme toujours) brillante de son auteur, mais qui, on l'avoue, restera certainement mineur dans sa...

le 29 juil. 2021

48 j'aime

Mad God
Aude_L
5

Doing doing doing doing...

Mad God est une expérience, et ce n'est pas parce qu'on ne l'a subjectivement pas appréciée, qu'on ne vous recommande pas de la vivre. Au mieux, vous serez subjugué par ce mélange de sadisme assumé,...

le 8 avr. 2023

34 j'aime

Dogman
Aude_L
8

Besson a lâché les chiens !

Caleb Landry Jones est vraiment stupéfiant, nous ayant tour à tour fait peur, pitié, pleurer (l'interprétation d’Édith Piaf en clair-obscur, transcendée, avec un montage si passionné, on ne pouvait...

le 18 sept. 2023

32 j'aime