VULTURES 1
6.5
VULTURES 1

Album de Kanye West et Ty Dolla Sign (2024)

Sept mois après avoir fait l'avocat d'Utopia, me revoici pour discuter un petit peu du Vultures de Kanye West et Ty Dolla Sign, même si ce dernier semble excessivement accessoire dans la considération apportée à l'album depuis quelques mois.

Alors que les derniers (très) grands travaux du bonhomme commencent à sembler bien éloignés - on retiendra les Kids See Ghosts et Daytona - on commence légitimement à douter de sa capacité à produire de la très grande musique sur un album entier tellement Donda fut hétérogène. En dehors de l'aspect musical, Kanye a - comme toujours - fait parler de lui en multipliant les discours antisémites et les éloges à Adolf, en plus d'être fortement suspecté d'emprise sur sa nouvelle partenaire, Bianca Censori, avec laquelle il s'affiche régulièrement dans des tenues disons ... particulières. Cela dit, cela ne semble pas le freiner, elle est à moitié nue sur cette nouvelle cover.

Pour ce qui est de Ty Dolla Sign, je n'ai pas grand chose à dire de plus, tellement sa musique me laisse indifférent.

L'état du rap quant à lui est tout aussi morbide qu'il l'était il y a sept mois. Hormis la scène néo-boom bap/conscious qui est très active en plus de prodiguer des albums de qualité, on a pas grand chose à se mettre sous la dent après l'échec cuisant d'Insano de Kid Cudi et le bien terne American Dream de 21 Savage.

En cette fade journée pluvieuse du 10 Février 2024, je sors mon couteau le plus aiguisé pour disséquer ce treizième album de YE. Cinquante-cinq minutes plus tard, qu'en reste-t-il ?

A l'image de la carrière de Ty Dolla Sign, pas grand chose.

Sur toute la première moitié de l'album - de Stars à Do It - le contenu est inintéressant. Pas forcément mauvais, mais vide de sens. Entre les grands moments de poésie et de subtilité (Beautiful, naked, big titty women just don't fall out the sky / She fell in love with the sword, I sliced, I diced, I hit it from the back / Keep a few Jews on the staff now), on entend toujours cette même batterie creuse et basse, ces mêmes cœurs qui commencent à être bien trop répétitifs, et les mêmes progressions d'accords qui nous sont servis depuis Donda. Kanye ne sait toujours pas chanter, et Ty Dolla Sign est agaçant de niaiserie. Certes, quelques coups peuvent être bien sentis. On pensera au rythme club catchy de Paid (seul morceau réellement réussi sur cette partie), à la voix pitchée de India Love sur Key To Life, au "talking" clamé par James Blake sur le titre éponyme, ou au couplet de Freddie Gibbs sur Back to me qui n'est pas suffisant pour sauver la véritable purge qu'est le morceau.

Le propos musical devient plus intéressant à partir de Paperwork qui profite d'une production bien grasse et avantageuse malgré l'ennui éternel que propose Quavo. Le (très grand) temps fort de l'album a lieu sur Burn et son rythme boom bap, agrémentant une superbe production sur fonds de notes au clavier tout droit sorti d'un Miyazaki - pas sûr de cette dernière comparaison... Même Ty Dolla Sign y est attrayant. Seul défaut, beaucoup trop court. Le plaisir est prolongé sur le très catchy Fuk Sumn qui est porté par le charismatique Playboi Carti et un Travis Scott qui sort une nouvelle voix de son chapeau magique. La plus belle production de l'album est probablement celle de Vultures qui propose des qualités indéniables.

Tout n'est pas non plus parfait, notamment l'enchaînement Beg Forgiveness/Good (Don't Die) qu'il faudra franchir avec neuf minutes de courage, tandis que certains brandiront l'étiquette de génie.

En clair, Kanye West semble se trainer dans la boue plus que jamais. Si Jesus Is King était loin d'être complétement réussi, l'album avait au moins le mérite d'avoir une certaine cohérence et tentative de propos (tant dans la musique que dans les paroles, même si on a pas cru très longtemps à ce délire de rédemption chrétienne). Et Donda malgré le fait d'être étouffant de longueur reste l'un des meilleurs albums rap des années 2020. Du haut de ses 46 ans, West semble bien essoufflé et ne plus avoir grand chose à proposer, surfant plus que jamais sur la réputation de "génie" qu'il s'est faite tout au long de sa carrière.

Les vautours semblent se rapprocher définitivement d'un cadavre qui pourri de plus en plus.

timsavornin
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Le 10 février 2024

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timsavornin

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