Lectures et commentaires (2024)
À lire :
Guerre et paix, Léon Tolstoï
Notre part de nuit, Marianna Enriquez
Cent ans de solitude, Gabriel Garcia Marquez
Obéron, Wieland
Les Chouans, Balzac
L'Exil et le royaume, Camus
Codine ; Mikhaïl ; mes départs ; le pêcheur d'éponges, Panaït ...
Liste de 15 livres
créee il y a environ 1 mois · modifiée il y a environ 9 heures
Blumfeld, un célibataire plus très jeune (1915)
et autres textes
Sortie : 1915 (Autriche). Recueil de nouvelles
livre de Franz Kafka
Elouan a mis 7/10.
Annotation :
6 février
9 février
(traduit de l'allemand par Bernard Lortholary)
L'éparpillement des nouvelles de Franz Kafka dans différents recueils, au gré des rééditions, des nouvelles traductions, etc... sert de bon prétexte pour les relire, sciemment ou non... Le titre de la nouvelle éponyme ne me disait rien, et pourtant je l'avais déjà lu, et la tient pour l'une des plus intrigantes de toute son œuvre. Ici des balles, là une taupe faisant une taille extraordinaire ― les personnages de Kafka ont un problème tapi quelque part, sa matérialisant d'une façon ou d'une autre, mais, curieusement, l'écrivain ne leur accorde pas dans sa fiction toute l'attention qui leur est dû ! On pourrait croire que cette narration digresse, avec cette ferme intention de présenter une existence très ordonnée, malgré les aberrations qu'elle comporte. Mais tout se resserre autour d'un même point, d'un même vice. "Toutes choses égales par ailleurs", Kafka dispose les traits et les tracas de ses personnages, parfois touchants dans leur solitude pleine d'aspirations, cette envie de briller en dépit de tout bon sens, pensant avoir certaines prérogatives et les défendant de manière mesquines. Ils sont les héros du seul récit ― à un seul axe, un seul but ― qu'ils sont capables de comprendre et de vivre. Ils tentent d'éviter tout ce qui pourrait les distraire de leur "grande affaire" mais leur existence n'est constitué que de vétilles, que Kafka a l'air de rendre soit comiques, soit fantastiques : la réaction vis-à-vis d'un phénomène n'est pas moins étrange que le phénomène lui-même.
PS : ma note peut sembler tiède après ce commentaire, mais je ne sais pas, ses nouvelles me transportent toujours nettement moins que ses romans.
91 pages - Gallimard (Folio)
Le Désastre de Pavie (1963)
24 février 1525
Sortie : 1963 (France). Essai, Récit
livre de Jean Giono
Elouan a mis 9/10.
Annotation :
18 janvier
3 février
On peut s'intéresser au Désastre de Pavie pour plusieurs raisons, le sujet en particulier ― traité avec une grande rigueur historique par Jean Giono, mais j'y reviens ― ou le simple fait de retrouver cette plume en dehors de son champs romanesque habituel (gardons Angelo en réserve, inutile de le précipiter à sa fin...). Et donc, non, Jean Giono n'est pas historien, mais n'écrit pas pour autant un roman historique. Il réalise un véritable travail critique à partir des sources qu'il a réunies, se rend sur les lieux de la bataille non seulement pour en rechercher les traces, mais pour y palper la terre, renifler l'air, suivre l'eau que gorgeait ces terres humides ; "l'artillerie, rudimentaire, était montée sur de grandes roues en fer, très larges, et avaient besoin d'un terrain sec pour pouvoir se déplacer" expliquera-t-il plus tard dans une interview. Tout ce travail pour raconter une histoire et pour ainsi dire, la vivre, grâce à cette écriture géniale, à l'affût du détail éclairant (éclairant comme une lanterne, ce dense flux événementiel) ; à l'affût du détail rentrant dans une composition à la fois picturale et narrative.
Ce qui m'amuse, c'est aussi de retrouver les idiosyncrasies de Giono, qui est un peu le Robert Burton de son temps, dans le sens où il explique les "personnages" non seulement par leur conception des choses ― chevaleresque ou "bourgeoise" ― mais aussi par la physiologie. Pendant la bataille et encore plus durant le rapport de force qui suit entre le vainqueur et le prisonnier, Giono scrute ces personnages dans leur morale, leurs affections ou leur mélancolie. On les voit guerroyer, réfléchir, manger ou dormir. Sa caractérisation s'intègre vraiment bien dans la méthodologie suivie jusque-là, dans cette configuration très réaliste doublé d'un point de vue si original et si caractéristique de son auteur. On ne se préoccupe point trop du "comment sait-il tout cela ?" (et encore une fois, tout cela est très sourcé) et on entre dans ce récit de la bataille comme dans l'un de ses romans.
414 pages - Gallimard (Folio)
Ceux qui aiment haïssent (1946)
Los que aman, odian
Sortie : 4 novembre 1998 (France). Roman
livre de Silvina Ocampo et Adolfo Bioy Casares
Elouan a mis 7/10.
Annotation :
28 janvier
31 janvier
(traduit de l'espagnol par André Gabastou)
Ah, bah il commence bien ce roman policier ! Il y a l'air marin que le docteur Humberto Humberman cherche et respire, en se souvenant de sa tante qui le chassait, cet air qui justement manque, lorsque le personnage se trouve coincé à l'hôtel par la tempête et par l'enquête en cours. Une jeune fille a été retrouvée morte empoisonnée et tous les personnages de s'intéresser à la cause de ce drame. Seulement les réflexions et les sentiments manifestés ne correspondent pas tellement à l'enjeu ― on a l'impression d'un décalage, et même d'une forme d'insouciance* ― ils sont plutôt au diapason d'une atmosphère particulière, de léthargie et de poésie, et qui devient carrément étrange à l'occasion d'une fuite. Friand de détails psychologiques, je trouve malgré tout que si Bioy et Ocampo tracent très bien ces personnages posant en intellectuels ou détectives, ils n'en restent pas moins des types, un peu caricatures. Lorsque la résolution de l'énigme devient plus pressante ― c'est d'ailleurs une sorte de transformation du roman ― tous ces menus travers personnels, ces fanfaronnades ou ces à priori venant du cœur, ouvrent un gouffre épistémologique, un amusant scénario "en trompe l'œil", de conclusions hâtives qui se ramassent pitoyablement, juste à côté de la pièce où se trouve la gisante et des drames qu'on ne voit pas.
*: On se trompe si on pense vraiment à de l'insouciance, même si c'est vrai que ces personnages ― professionnels compris, il y a un commissaire ― semblent un moment plus s'intéresser à Victor Hugo qu'à l'enquête !
142 pages
Le Baron Wenckheim est de retour (2016)
Báró Wenckheim hazatér
Sortie : avril 2023 (France). Roman
livre de László Krasznahorkai
Elouan a mis 8/10.
Annotation :
5 janvier
25 janvier
(traduit du hongrois par Joëlle Duffeuilly)
Plusieurs récits se recoupent ― et même quatre romans* selon leur auteur László Krasznahorkai ― plusieurs trajectoires au sein d'une ville qu'on nous laisse imaginer dans un état de complet délitement. On dirait presque que le roman a été davantage écrit pour brosser une ambiance que pour raconter quelque chose : des rues désertées, des personnages abrutis ou confinés dans leur torpeur, regardent par la fenêtre.** De très longues phrases marquées par l'oralité ; on parle, bredouille, on se répète un peu, on entrecoupe ses phrases de "oui" entre virgules plutôt que de point, et ainsi, la phrase dure. Ces phrases donnent l'impression de s'essouffler à la longue ― ou d'essouffler le lecteur ― il y a qui plus est une sorte de contradiction entre la polyphonie du roman et sa remarquable unité de style. Ça tient la route, parfois un peu péniblement, mais ça la tient. Les transitions entre les différentes prises de parole, les motifs qui se répondent ou qui se répètent, renforcent cette impression d'unité et d'une mélasse froide et confuse dotée toutefois d'un goût de reviens-y. Pourtant, tout est désespérément d'une même tonalité, du même gris qui se changent en noir sous les pulsions destructrices de certains habitants ; car oui, il y a quand même une intrigue qui, si elle traîne en longueur, a un impact considérable dans le roman. Elle se déploie selon deux, trois axes, révélant l'étendue absolument démentielle de la corruption et du dysfonctionnement sociétal.
*: "Le tango de Satan", "La mélancolie de la résistance", "Guerre & guerre" et "Le baron de Wenckheim est de retour", donc.
**: Il y a un telle ressemble entre les deux œuvres qu'on se demande si Béla Tarr, qui a adapté certains romans de László Krasznahorkai, n'a pas également influencé celui-ci.
524 pages - Cambourakis
Le Château d'Otrante (1764)
The Castle of Otranto
Sortie : 1764 (Royaume-Uni). Roman
livre de Horace Walpole
Elouan a mis 4/10.
Annotation :
16 janvier
22 janvier
(traduit de l'anglais par Dominique Corticchiato)
Je commence par évoquer ce qui m'a plu : une forme d'ambiguïté sur ce qui provoque la terreur au Château d'Otrante, on ne sait parfois pas à quoi s'en tenir, si cette terreur est fondée sur quelque chose de réel ou si c'est une illusion qu'elle suscite. Des éclats de panique rythment ou interrompent d'une façon comique la bonne marche d'un projet beaucoup plus sérieux, celui qu'entreprend le tyrannique seigneur Manfred. Et puis il y a au début la présence incongrue de ce heaume énorme... On accepte les règles du jeu, qui du picaresque au gothique naissant n'ont pas vraiment changé : les surprises s'enchaînent à un tel régime que ce ne sont plus... des surprises. C'est comme si l'auteur, ayant oublié que le méchant ne devait pas gagner, faisait surgir n'importe quel rebondissement de son chapeau, et l'on finit par n'en avoir cure. Il est trop tard quand on décide de nous expliquer pourquoi un tel drame a eût lieu. Pire : ces explications, qui traînent en longueur, surchargent le récit et qui en fait ne s'occupent que d'une lignée légitime et de bon mariage, nous font amèrement regretter le simple enchaînement des circonstances douteuses, ex nihilo... une aventure qui même sans rime ni raison, eût pu avoir une espèce de charme, au lieu de ces abscons arrangements familiaux.
242 pages - José Corti
Le Bruit du temps (1925)
(traduction Edith Scherrer )
Sortie : 1988 (France). Récit
livre de Ossip Mandelstam
Elouan a mis 8/10.
Annotation :
13 janvier
16 janvier
(traduit du russe par Édith Scherrer)
Les défilés militaires, les soirées au théâtre, la bibliothèque, le "chaos judaïque", les débats et la crise annonçant des temps nouveaux, la poésie, la glace, "un rayon de lune sur la hache..."* ; les souvenirs de Mandelstam se déchaînent dans un flux d'allusions et de comparaisons tout à la fois méchantes et attendries (Cent dix pages de prose, près de 200 notes très souvent utiles). Que dis-je un flux ? Une tempête... Mandelstam n'est pas toujours évident à suivre ni à comprendre, mais j'admire cette façon d'ajouter un essaim de détails métaphoriques aux traits d'une personne ou d'une époque, de les assembler, les fondre en une image du temps. "L'unité d'un froid sans mesure qui a soudé les décennies en un seul jour, une seule nuit, le cœur de l'hiver, où la terrible structure étatique est comme un poêle brûlant de glace". D'une prose à l'autre, ce style se distingue et se reconnaît. Le bruit du temps, comme La quatrième prose (que j'ai eu le tort de lire avant) est tenu par un sédiment émotionnel : la colère. Sans beaucoup parler de lui (plutôt de ce qu'il a vu) sa prose dégage cette colère nue, ne s'identifiant à aucune cause, pas plus celle de l'avenir que celle du passé, puisque travaillant "non à reproduire mais à écarter" ce dernier. La violence d'une époque que Biély avait représenter dans une trame complexe, Mandelstam la fait sentir dans une prose aussi froide qu'efficace.
"...au lieu du Talmud, il lit Schiller et, notez bien, le lit comme un livre nouveau ; après avoir tenu un certain temps, il retombe de cette étrange université dans le monde bouillonnant des années soixante-dix pour fixer dans sa mémoire la crèmerie terroriste de la rue des Caravanes d'où on avait creusé une mine pour faire sauter Alexandre et, dans un atelier de gants et dans une tannerie, il prêche à des clients bouffis et pleins d'étonnement les idées philosophiques du dix-huitième siècle."
**: C'est un vers d'Anna Akhmatova, repris par Mandelstam dans sa propre poésie.
156 pages - Christian Bourgois
La Veuve blanche et noire
La viudad blanca y negra
Sortie : 1917 (France). Roman
livre de Ramón Gómez de la Serna
Elouan a mis 9/10.
Annotation :
4 janvier
14 janvier
(traduit de l'espagnol par Jean Cassou)
Oh de la part de Ramón Gómez, voilà un ouvrage plutôt atypique. Je connaissais l'auteur comme adepte de la forme courte (aphorismes ou greguerías, petites proses descriptives, etc...) et quand il ne farcit pas un roman de grotesques compte-rendu médicaux (comme dans Le docteur invraisemblable), il écrit La veuve blanche et noire, un récit qui ressemble presque à un vrai roman, normal, quoi. Ou presque. Les affres de la jalousie ? Sujet typique, à cela près la manière de le traiter de Ramón Gómez, qui tient miraculeusement et délicieusement sur la longueur. Corridors, couloirs obscurs, disposition des lieux bienveillante ou hostile ; la scène et le décor écrasent ce personnage sans histoire, et enveloppent le récit d'un charme obsédant. Il n'y a pas d'éléments ou de mots anodins, pas d'objets ou de couleurs à sortir du contexte de cette passion du blanc et du noir, tout est signe ou symbole pour cette pensée qui vagabonde auprès de sa veuve, la contemple ou l'espionne. On suit leur aventure à Madrid puis à Paris, qui devient de plus en plus réelle et suit le chemin d'une désillusion devenant cocasse. Ramón Gómez joue avec le fantôme du mari dans l'esprit de l'amant, troisième larron d'une étrange relation triangulaire. Est-ce érotique ? Oui en un sens, en cinq, en mille ― il y a mille façon de laisser voir son déshabillement ou sa nudité, comme l'avait déjà montré Ramón Gómez dans Seins (livre publié la même année que La veuve blanche et noire, en 1917) tout dépend de ce qui entoure le corps, de la situation. Et celle-ci est chargée d'une tension inquiète, conflictuelle, situation qui s'offre qui plus sous de multiples aspects ; tout comme la veuve, le décor et l'existence même, changent perpétuellement d'allure dans ce roman qui se rapproche en somme autant de la Traversée sensuelle de l'astronomie que de La femme et le pantin, de Louÿs.
248 pages - 10/18
Traversée sensuelle de l'astronomie (1938)
Sortie : 3 novembre 2022 (France). Roman
livre de Jean Giono
Elouan a mis 7/10.
Annotation :
9 janvier
12 janvier
Ce titre qui n'est guère beau annonce tout un programme : Giono se lance dans un gouffre, celui des distances, de la vitesse, à l'échelle astronomique ― où l'infiniment grand côtoie l'infiniment petit, dans un étourdissant ballet. D'emblée, la prose de Giono paraît débordée par toute cette science un poil verbeuse, cette densité de faits énoncés et énumérés qui nous éloignent du fait humain, des sentiments ou de toutes choses vivantes. La lumière et l'atome sourient à Giono comme jadis à Lucrèce, mais c'est d'une manière bien à lui que le natif de Manosque parvient à ramener le lyrisme dans ces espaces un peu froids. Ses métaphores sont toujours aussi belles, transformant en vagues ou en algues le mouvement des astres, et même si tout ceci paraît in fine comme un simple exercice de style sous forme de petit essai poétique, sa cohérence et son propos sont tout de même dignes d'intérêt. "J'habite tout ce qui est à la portée de mes sens (même, et c'est le point où je commence à me fondre, j'habite tout ce qui à la portée de mon intelligence)" écrit-il. Tous ces effort pour unir le non-vivant au vivant, pour se rapprocher ou se fondre dans cette immensité, concevoir son "drame" ; "Rigel, cinq cent quinze ans de lumière immobile [...] des profondeurs que l'instantané même sera trop lent à sonder, je comprends le drame de la matière qui impose cet espace et ce temps" ; toute cette dialectique entre l'observateur et la chose qui doit être traduite, comprise pour être regardée, bue ou aimée, tout cela est tourné dans une perspective romantique vraiment très intéressante.
57 pages - Les chemins de fer
Les Noces de Zeyn
et autres récits
Sortie : 12 février 2014 (France). Roman
livre de Tayeb Salih
Elouan a mis 5/10.
Annotation :
3 janvier
9 janvier
(traduit de l'arabe par Anne Wade Minkowski)
Le monde de Zeyn est un monde de rires et d’amour ― Zeyn, cet être à la fois bizarre et plutôt simple autour duquel se rassemblent les villageois, formant, par la succincte évocation de leur histoire et présentation de leur caractère, toute la structure narrative de la nouvelle. Les rapports ne sont pas dénués d’une certaine violence (mais d’une violence sans conséquence) ; il n’y a pas de drame, seulement de la truculence et la description d’une forme d’harmonie dont la tradition se porte garant. Les problèmes se résolvant d’eux-mêmes, tout a l’air si simple et gentil, et partant, sans grand intérêt. C’est plutôt dans les deux nouvelles suivantes, extrêmement brèves, que se manifeste des tensions avec un antagonisme assez classique, celui qui fait apparaître ce havre idéal de Zeyn comme un « monde d’hier » à la suite duquel des aspirations à un autre style de vie (quand il n’est pas imposé par la force) a tout gâché.
"Les années se suivent, l'une chassant l'autre. Le sein du Nil gonfle comme une poitrine qui se remplit de colère. L'eau déborde sur les deux rives, recouvre les terres cultivées jusqu'à ce qu'elle atteigne la frange du désert où reposent les soubassements des maisons. [...] La terre est immobile, mais ses entrailles sont agitées par une eau jaillissante, l'eau de la vie et de la fertilité. La terre est humide et impétueuse : elle s'apprête à donner. Une pointe acérée perce les entrailles de la terre. Il y a un un moment de douleur, d'extase, de grâce, et à l'endroit où ses entrailles ont été percées, les semences affluent. De même que le giron maternel abrite le fœtus avec tendresse, chaleur et amour, les entrailles de la terre accueillent blé, maïs et fèves. Demain la terre se fendra pour libérer les plantes et les fruits."
146 pages - Actes Sud
Train de nuit dans la Voie lactée (1934)
Ginga tetsudō no yoru
Sortie : 1995 (France). Recueil de nouvelles
livre de Kenji Miyazawa
Elouan a mis 8/10.
Annotation :
23 décembre
3 janvier
(traduit du japonais par Hélène Morita)
Il y a quelque chose de très semblable dans les nouvelles réunies dans ce triptyque, mais de difficile à définir. S'il y a un point commun entre deux d'entre elle, la troisième diffère sur ce point, précisément. Miyazawa change à chaque fois d'approche et de technique narrative. La constante, c'est sans doute que l'intrigue apparaît comme dépouillée ou secondaire, comme s'il s'agissait seulement d'un pinceau filiforme avec lequel Miyazawa dessine son univers. On ne sait ni où on va ni pourquoi, à cela près que les motifs ébauchent la représentation d'un tableau animé, comportant une dose plus ou moins élevée de magie ou de rêve. L'univers de Miyazawa a un côté touchant (ça ressemble à du Miyazaki, un peu) mais c'est bien le savoir-faire narratif ou descriptif de l'écrivain qui m'impressionne. Il y a peut-être seulement la première nouvelle qui est anecdotique mais rigolote. On croirait seulement à une récréation, des excursions d'écoliers dans la nature pour la seconde ; mais les motifs, ici extrêmement discrets, rendent l'aventure plutôt mystérieuse, le vent s'insinue un peu partout, s'exprime en suaves murmures ou provoque davantage de brumes et de vagues parmi les cris et les rires des enfants qui se perdent ou se bousculent. Miyazawa est très économe de détails pour suggérer ces effets ; dans la dernière nouvelle, c'est tout l'inverse. Lorsque la voie ferrée se confond avec la voie lactée (comme l'indique le titre éponyme) c'est une pléthore de détails qui se déploient sous nos yeux, et tout s'articule merveilleusement bien malgré la densité des éléments descriptifs. Peut-être que seulement le personnage se perd dans tout ce foisonnement : ceci fait sens avec le sentiment de l'enfant.
204 pages - Édition du Rocher
Il y eut un jour et il y eut une nuit
Sortie : 2 mai 2013 (France). Roman
livre de Abdéjamil Nourpeissov
Elouan le lit actuellement.
Annotation :
25 janvier
Antoine Bloyé (1933)
Sortie : 1933 (France). Roman
livre de Paul Nizan
Elouan le lit actuellement.
Annotation :
4 février
Le Cornet acoustique (1977)
The Hearing Trumpet
Sortie : 1974 (France). Roman
livre de Léonora Carrington
Elouan le lit actuellement.
Annotation :
9 février
Les Mensonges de la nuit (1988)
Le Menzogne della notte
Sortie : 1989 (France). Roman
livre de Gesualdo Bufalino
Elouan l'a mis en envie.